On m'aurait menti ?

Publié le par Marie-Anne Cloarec

(Petit conte sur le thème de la nuance de gris)

On m'a dit que quand on mélange du noir et du blanc, bah ça fait du gris.
Comme Saint Thomas, je ne crois que ce que je vois !
Et ce que je vois,
c'est que du mascara et du crayon à sourcil sur un visage de Lilloise,
ça fait pas du gris ;
qu'une étoile dans l'univers,
qu'un chat noir sous un lampadère,
ça fait pas du gris ;
qu'une broche dans les cheveux de Grand-mère,
que l'iris dans l'oeil d'un africain,
qu'un sucre dans mon café,
ça fait pas du gris.

Un compromis, le gris ?
On m'aurait menti !

Entre mon plafond nikel et ma moquette infecte,
entre le désert de Gobi et le néant galactique,
entre l'Europe du Nord et l'Afrique Centrale,
quelque part, le gris, sans identité précise,
veut blanchir le ramoneur et noircir mon muscadet !

Moi, je dis non.
Toi, le gris, reste donc dans l'imaginaire.
Que l'avenir ou mon voisin ne soit ni tout blanc, ni tout noir, d'accord ;
Que l'atmosphère ne soit ni trop pure, ni trop polluée, passe encore ;
Mais touche pas à mon yaourt, à mon coca, à mes roses de mariée et à ma sauce soja !

Sois maudit le gris si tu rassembles les extrêmes au quotidien !

Mais non, car finalement tu te définis par toi-même.
Cheveux poivre et sel...
La matière qui me sert à penser...
Ouf, on m'a menti, le gris ne cherche pas à être un équilibre, évitant de devenir lugubre et ennuyeux.

Jailli du néant et de la joie,
rassemblant l'ours polaire et l'aigle de Patricia Kaas,
la nuance s'est trouvé une légitimité. 
Le personnage de Mathilde Stangerson est sauf...

Publié dans Conte didascalien

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F
<br /> J'ai beaucoup aimé ta démonstration poétique.<br /> La complémentaité n'implique pas la fusion et quand 1+1 n'est pas égal à 2, je le préfère égal à 3 (1+1+la richesse de la relation) qu'égal à 1 qui implique toujours une réduction du potentiel<br /> global. <br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> Voila qui est bien dit, car tout échange apporte et transforme. Nous sommes le fruit des rencontres que nous faisons au cour de notre vie. J'en suis l'exemple frappant, car qui nous dit que<br /> sans une rencontre fortuite avec notre poète-controleuse de gestion favorite j'aurais un jour pris la plume de moi-même pour écrire des contes. Merci les hasards de la vie...<br /> <br /> <br />